« T’as vu la gueule du patient de la huit ? J’ai bien cru qu’il ne me lâcherait pas. » Que me dit Faye en entrant dans les vestiaires, énergique comme toujours. Je me demande encore parfois comment elle peut l’être quand on aligne quarante huit heures de garde d’un coup. L’habitude sûrement. Elle s’adosse au casier en ôtant sa blouse blanc et me regarde. Je souris en coin en la voyant faire. « T’es trop sexy, ça doit être ça le problème. » Que je dis en la taquinant. C’est la personne dont je suis le proche ici dans mon internat. On se connait depuis la faculté de médecine et on s’est toujours bien entendue. Peut-être même un peu trop au goût d’une certaine blonde mais ça doit plus trop la concerner vu le ton de notre dernière discussion à toutes les deux. « Evidemment que je le suis. » Que me souffle la belle brune en venant s’assoir à mes côtés. Elle se tourne vers moi ramenant un genou vers elle. Elle m’observe sans que je ne dise quoique ce soit. Je n’ai pas réellement de choses à dire, surtout en ce moment. « Joey…tu sais t’as pas à faire semblant devant moi. » Qu’elle ajoute en venant poser sa main sur mon bras. Je la regarde alors qu’elle effleure ma peau du bout des doigts. Je soupire – l’esprit brouillé. Je me lève finalement pour ouvrir la porte de mon casier, commençant à me changer devant elle. Je ne suis pas vraiment gênée parce qu’on s’est vu plusieurs fois dans ce genre de tenues. On n’a pas réellement baisé, quelques caresses par ci par là et ça c’est stoppé. Elle voulait continuer – pas moi parce qu’une autre fille était dans mon esprit – dans ma peau. « Je vais bien. » Que je dis en me tournant vers elle enfilant mon débardeur en le plaçant correctement. Elle soupire ne croyant apparemment pas à ce que je suis en train de lui raconter, peu importe. « Je crois qu’hélas quand t’es loin de la blonde un peu agressive, t’es mal. » Qu’elle me dit avec son air provocateur comme souvent. Faye c’est un peu le feu et moi la glace. Peut-être que c’est pour ça qu’on s’entend aussi bien. Elle me fait rire à qualifier Maddie ainsi mais en même temps c’est la seule facette qu’elle lui a laissé entrevoir. « Elle n’est pas si agressive. » Que je dis plaidant la cause de ma meilleure amie en fermant les boutons successifs de mon short en jean. Je ferme mon casier, rejoignant la brune sur le banc alors qu’elle se met à rire en me fixant. « Tu plaisantes, elle me hait. Et tu sais pourquoi ? Elle est jalouse. » Qu’elle ajoute apparemment sûre d’elle. Peut-être qu’elle est jalouse ouais mais je ne sais pas si c’est parce qu’elle sent notre amitié menacée ou parce que je représente plus que sa meilleure amie. « Ca l’empêche pas de baiser Travis. » Que je dis d’un ton amer. Je ne supporte pas ce type et je ne veux même pas imaginer ce petit con la toucher parce que ça rend dingue de toute manière. Je ne pourrais pas supporter cette situation encore longtemps et on va finir par attendre le point de non retour. Peut-être même que c’est arrivé déjà. « T’as la preuve de ça ? On fait bien mine de baiser pour que tu puisses aussi l’énerver alors… » Qu’elle ajoute en me forçant à la regarde ; une de ses mains glissant contre ma joue. « Je vais récupérer des affaires à l’appartement et je reviens. » Que je souffle avant de prendre mon sac et me casser de l’hôpital.

Je marche dans les rues de Rio, musique dans les oreilles sans vraiment porter attention aux gens autour de moi. La vie est cool ici, le soleil, les gens et parfois ça me semble simplement pas suffisant. Je ne suis pas revenue à l’appartement que je partage avec Maddie depuis quelques jours maintenant. Depuis notre dispute à cause de Travis en réalité et je me sentais pas de le faire. Je n’ai pas envie de l’affronter, ni même envie qu’on s’engueule encore comme si notre amitié ne représentait rien. Je suis amoureuse de Maddie et ça me pèse de plus en plus de devoir tout mettre sous silence à cause d’elle. Je crois qu’elle n’est sans doute pas prête à assumer d’être attirée par les filles au grand jour. J’en sais rien en fait mais ça devient vraiment insupportable. Toute façon, ça va finir par arriver. Je vais vraiment me casser et elle ne pourra s’en prendre qu’à elle. Je suis prête à faire des sacrifices pour elle mais pas au point de me tuer de l’intérieur à cause de ses conneries. Je veux bien accepter de plus en baiser d’autres, de ne penser qu’à elle. Toute façon, faut pas se leurrer c’est déjà le cas. Aux soirées, à l’hôpital, à la faculté, y a qu’une fille à mon esprit, une petite blonde sexy, qui me rend dingue – totalement et irrémédiablement dingue. J’arrive devant notre immeuble en plein centre de Rio dans un quartier plutôt huppé. J’espère que Maddison n’est pas là. Ce n’est pas que je ne veux pas la voir, je n’ai simplement pas envie de devoir m’expliquer. Je glisse la clé dans la serrure ouvrant la porte. Je vois une pile d’enveloppe, apparemment du courrier pour moi. Je verrais ça plus tard. Je ne compte pas m’éterniser ici toute façon. J’arrive dans le salon et je découvre Maddie debout près de la fenêtre. Elle se retourne vers moi - surprise de me voir. Je sens mon cœur qui s’accélère. Je la fixe de haut en bas en passant une main dans ma nuque. Je n’ai qu’une envie là. Je veux venir, la plaquer contre cette foutue fenêtre et lui dire à quel point je l’aime et que je la désire. Elle, rien qu’elle. Je laisse échapper un soupire. « Je viens seulement récupérer des affaires. » Que je me contente de dire en la fixant dans les yeux. Je pourrais faire comme de rien n’était mais c’est simplement plus possible. « Je ne serais pas longue. » Que j’ajoute avant de lui lancer un dernier regard pour partir dans ma chambre récupérant des affaires dans mon armoire.

L’amour et les sentiments n’ont jamais réellement fait partis de ma vie. J’ai toujours préféré faire passer mes études et l’amitié que je porte à la blonde avant le reste. J’ai rapidement pris conscience de mon attirance affirmée pour les femmes. Au début ça me faisait peur et je me disais que c’était le genre de truc qui compliquerait tout notamment avec ma famille. Alors évidemment, quand je me suis mise à ressentir des choses pour Maddie, tout mon équilibre a été remis en cause. Je me souviens du moment où j’en ai pris conscience, j’avais de plus en plus de mal à dissimuler ma jalousie et je me disais que c’était bien significatif d’un truc. Je n’ai pas su tout de suite comment appréhender l’amour que je lui portais. On couchait ensemble, on passait le plus clair de notre temps ensemble. Pourtant, nous n’avions jamais réellement parlé. J’ai préféré me taire et me dire qu’un jour, on finirait par être ensemble. Le temps est passé, vite, il a filé entre mes mains et à présent je suis là comme une pauvre idiote en train de souffrir. Je devrais abandonner sûrement et pourtant je n’y arrive pas. Je sais que la blonde est celle que je veux. Je pourrais baiser pleins de filles aux soirées ou même Faye qui m’a clairement fait comprendre qu’elle voulait de moi dans ses draps. Je ne fais rien. Je le ferais pas parce que je sais très bien que ce n’est pas à elle que je penserais. Je reste dans ma chambre – seule en train de contempler les photos de ma meilleure amie et moi affichées un peu partout. Je laisse échapper un soupire en me disant qu’un fossé est en train de se creuser et ça me rend vraiment malheureuse. Autant que de la voir faire comme si rien ne se passait entre nous et comme si je n’étais qu’une amie. Je continue de remplir mon sac avec des affaires de bases parce que de toute façon je repasserais quand elle bossera et ça nous évitera un nouvel affrontement. Je prends le cadre photo qui siège sur ma table de chevet, l’image date de mon anniversaire. Je ne peux pas m’empêcher de sourire parce que je porte une couronne atroce que la blonde m’avait forcé à mettre. Même si c’est tendu entre nous depuis quelques jours à présent, j’ai besoin de ce genre de truc pour me rappeler un peu des moments – heureux. Je passe une main dans ma chevelure brune qui me retombe devant les yeux alors que la porte de ma chambre s’ouvre. Je me redresse sans me retourner d’abord. Je ne dis rien – continuant mon business. Je finis par tourner les talons et la blonde m’interpelle, me reprochant de me casser quand je n’obtiens pas ce que je veux. Je la regarde riant nerveusement parce que rendu à ce stade, c’est vraiment l’hôpital qui se fou de la charité. Je me barre pas pour un vulgaire caprice, non au contraire. Ça m’énerve parce que ça fait des mois que je me la ferme, que je dis rien pour surtout pas brusquer son petit monde et on dirait que c’est moi la fautive. Je laisse retomber mon sac au sol en omettant un soupire de lassitude. « J’ai pas de comptes à te rendre Maddie. T’as été claire la dernière fois, le message est compris je t’assure. » Que je dis d’un ton froid. C’est elle qui m’a blessé avec ses paroles la dernière fois, affirmant qu’on n’était pas un couple ou un truc du genre et que de ce fait, je n’avais aucune raison de me mêler de sa vie privée. Evidemment. Je fais qu’appliquer ce qu’elle m’a dit et je ne vois pas pourquoi j’agirais autrement avec elle. « Puis, ouais, t’as sûrement raison. Tu sais ce que c’est non ? Toi t’hésites pas à te casser et esquiver dès que ça devient un peu sérieux et que tu dois affronter la putain de vérité. » Que je lui dis en lui lançant un regard noir évoquant bien évidemment la question de nos sentiments réciproques – ou pas. Je passe une main contre mon front, ramenant mes cheveux en arrière. Je déteste m’engueuler avec elle et ça ne date pas d’hier ça. On a toujours formé un tout et voir qu’à présent on se déchire plus qu’on s’aime, ça me fait encore plus mal. Je pourrais pardonner, dire que ça finira par s’arranger, mais non. J’ai bien trop mis mes sentiments et mon amour pour Maddison sous silence. Elle remet évidemment Faye sur le tapis en me demandant si son lit est confortable. Elle se fou vraiment de ma gueule. Ça m’énerve et ça me fait qu’un peu plus débloquer de l’intérieur. Je commence à marcher vers le salon alors qu’elle me suit. Je me retourne vers la blonde. « Puis, lâches-moi avec Faye. Je ne vois pas en quoi ça te concerne. Je dois bien accepter que tu passes tes soirées avec Travis moi. » Que je dis en m’approchant d’elle. Mon corps frôle presque le sien. Elle entrouvre la bouche et mon regard surplombe le sien. Nos souffles légers se croisent et si je m’écoutais, je la plaquerais contre ce mur pour lui faire l’amour comme jamais. Je lui prouverais avec mes gestes, avec ma douceur et la passion que j’y mettrais parfois, à quel point, je pourrais crever pour elle tellement je l’aime. « Ecoutes, Maddie, j’y arrive simplement plus. Je pensais le faire, vraiment, y arriver à faire comme si de rien n’était mais je ne peux pas. » Que je dis plus calmement en passant une main contre sa joue avant de la remonter dans sa chevelure blonde. Je la fais lentement reculer de façon à ce que son dos bute contre le mur. Elle me fixe – perdue comme moi. Je laisse mon pouce caresser sa mâchoire, riper contre sa bouche. Je laisse échapper un soupire avant de me reculer légèrement. « Tu me manques et c’est atroce parce que je me rends compte un peu plus que t’es pas que ma meilleure amie, mais ça c’est toi qui refuse de le voir. » Que j’ajoute en baissant le regard. Je finis par la fixer et je m’approche frôlant à peine ses lèvres avant de tourner les talons, prête à quitter cet appartement avant que mes mots dépassent ma pensée. Je ne veux pas la blesser, même si inconsciemment sûrement elle le fait avec moi.