Dirty dancing in the moonlight
J’aime l’Irlande. Vous vous demandez pourquoi je ne suis pas restée là-bas. C’est un peu l’histoire de ma famille et de ma vie. Bon, ma famille n’a jamais quitté la région, mais croyez moi, ce n’est pas nécessairement pour elle que je restais, mais plutôt pourquoi je suis partie. Oui, on choisit ses amis mais ma sa famille. Non sérieusement. Je suis là depuis toujours, attachée à un piquet, et en train de tourner en bourrique autour. Ma présence en Irlande ne s’explique pas, c’est mon port d’attache. Cette ambiance chaleureuse, ces voisins charmants, ces paysages aménagés. IRISH GIRL.
1999, 17 ans. «
WILSON (père) -
Prymrose Katarina Ted-Duncan, aurais-tu l’obligeance de descendre manger en famille ? » En famille. Prymrose, savait depuis bien longtemps que ses parents faisaient chambre à part. Ses parents veillaient le plus tard possible afin qu’elle ne s’aperçoive pas de la supercherie. Mais son père avait commis l’adultère et elle l’avait vu de ses propres yeux. Mais depuis que son frère aîné était de passage à Lowndesboro avant de repartir à l’université, ils feignaient un amour inébranlable. Prymrose aurait voulu qu’on lui dise la vérité en face, qu’on arrête de la surprotéger. Plongée dans ses pensées, la voix grave de son père la tira de ses méandres. «
PRYMROSE -
J’arrive. » Prymrose de son naturel plein de vitalité, elle semblait beaucoup plus posée et propice à l’introspection. Elle se posait des milliards de questions et n’était pas très communicative avec sa famille. Le dîner se déroula dans un silence lourd. On entendait seulement le bruit grinçant des couverts en argent au fond des assiettes et les verres de cristal crisser au contact de l’eau et de la peau. Un silence religieux, de philosophes retirés dans une campagne profonde. Puis une voix brisa le silence. «
ELISABETH (mère) -
Votre père et moi allons divorcer. » Son frère ne manqua pas de s’étouffer, ce qu’il tenta de faire passer avec un verre d’eau. Quant à Prymrose, elle resta silencieuse et passive. «
AARON (frère) -
Non. Non. Faites une thérapie de couple, partez en week-end, je peux rester plus longtemps. » Son frère se débattait avec une réalité trop dure pour lui. «
PRYMROSE -
Papa a trompé maman. Quand elle l’a appris, ils ont fait chambre à part. Ça va faire presque un an que ça dure. C’est fini. » Elle n’avait jamais été d’un pessimisme aussi aigu, mais elle disait juste une vérité parmi tant d’autres. «
AARON (frère) -
Tais-toi Isa, tu sais même pas de quoi tu parles. Ce n’est pas vrai n’est ce pas ? » Ses parents ne répondaient pas, retranchés dans leurs souliers et remords bien amers face à ce mensonge. «
PRYMROSE -
Avec Gina, son assistante. Regarde les, impuissants et incapables d’assumer leur mensonge. » En une année, elle avait acquiert une maturité invraisemblable. Le visage de son frère se décomposa, et devint livide. Il repoussa son assiette. Son père se leva de table, et sa mère débarrassait tout en pleurant silencieusement. «
PRYMROSE -
Je suis désolée Aaron. » Dit-elle, regardant son frère figé sur place. «
AARON (frère) -
Tu es désolée ? Tu devrais être affligée. Tu n’es qu’une égoïste. Tu es insensible. » Prymrose resta de marbre. «
PRYMROSE -
Parce que toi tu es parfait peut-être ? Monsieur va à l’université, monsieur est plus intelligent que les autres. Mais t’es complètement aveugle et bouché mon vieux. T’es même pas capable de voir qu’ils étaient entrain de se noyer dans leur propre mensonge. Tu n’as même pas été fichu de prendre de nos nouvelles. »
Les parents de Prymrose sont séparés depuis maintenant presque dix années. Son père est parti avec sa secrétaire, et sa mère et elle-même sont restées dans leur petite contrée. Elle aurait pû partir à l’étranger et avoir une grande vie. Mais rien de tout ceci n’est arrivé, rien de tout ceci. Prymrose a continué sa pauvre vie d’adolescence dévastée par le départ d’un père. Son frère quant à lui, habitait dans un appartement de la ville voisine, sans jamais me cotoyer , et n’a jamais vraiment donné signe de vie, uniquement lorsqu’il a été diplômé, à Noel, Pâques, Nouvel An, et à l’anniversaire de sa mère. Prymrose s’est donc retrouvée seule à devoir assumer sa petite routine. Avec une chance inouie, elle était brillante en cours et qu’elle savait bien qu’elle ne finirait pas au fond d’un trou à se morfondre. Prymrose est désormais une femme pleine de vie. A Vingt-six ans et toutes ses dents elle était enseignante à l’école primaire du quartier de la ville. Elle cotoie des enfants charmants, encore sous le charme de l’innocence, ignorants les horribles actes commis par leurs parents. Elle tâche de les préserver d’une vie un peu trop fade. Passionnée par la photo, elle fait beaucoup de clichés de ses classes, de l’Irlande, des personnalités mythiques de la ville. Prymrose est considérée comme une jeune femme brillante et sociable, résistante à toute épreuve. P
Le souffle coupé, une respiration haletée, des larmes coulant à outrance, les genoux à moitié en train de toucher le sol, une seule chose résonne dans la tête de la jeune femme.
Mademoiselle Moriarty. Nous vous apportons une bien triste nouvelle. Votre frère Aaron est décédé des suites d’un accident de voiture..Est-il donneur ? Elle aimait son frère plus que tout, elle ne l’avait pas revu depuis des années, et ses dernières paroles avaient été très rudes. Tous les remords faisaient surface. A l’hôpital, son père n’avait même pas daigné donner signe de vie et elle ne pouvait pas le dire à sa mère, qui ne s’en remettrait probablement jamais. Elle était là depuis des heures. Le jour allait probablement se lever. Elle s’était endormie à maintes reprise devant son frère, éteint depuis la nuit dernière. C’était ces derniers instants avec lui et elle avait tenter de s’excuser, de se faire pardonner en vain. Les médecins et infirmières finirent par la mettre dehors. Arrivée à sa voiture, garée en mode free-style, on pouvait voir un post-it avec écrit dessus : « Apprends à te garer connasse ». Dans quel monde on vit bordel. Une fois rentrée chez elle, elle se contenta d’aller de recoucher, ou du moins, d’essayer. Quelqu’un toquait à la porte. En ouvrant, elle eut la surprise de voir un visage familier. «
WILSON -
J’ai essayé de venir dès que possible. Je suis sincèrement désolé. » Son père, il avait le culot de revenir.. «
PRYMROSE -
Ne le sois pas. Tu ferais mieux de partir ». Sa mère l’a vu, alors il est rentré, alors ils ont ressassé les souvenirs, et tout le reste. Ils se sont « remis ensemble ». Une semaine plus tard, Prymrose lâchait tout. «
PRYMROSE -
Vous savez quoi, vivez votre vie, mais moi j’en ai ma claque, si on se revoit c’est pour mon enterrement. Elle a pris ses valises, son appareil photo, ses cliques, ses claques, et elle est partie, sans dire au revoir. Ce qui explique sa présence depuis peu à Rio. Elle subvient à ses besoins en prenant des jobs un peu partout, alors pour le moment elle se contente de cuisiner par ci par-là et de servir des clients dans des endroits plutôt pas mal côtés de la ville.